Visite des passages parisiens.
Par Guillaume THECHI

En cet après midi d'automne, les passages parisiens sont au programme. Le rendez-vous est donné devant le Grand Rex dans le 2ème arrondissement de Paris. Une dizaine de personnes originaires du monde entier (Italie, Suisse, Australie, Canada, Norvège, Allemagne, Cambodge) est présente sous un ciel bleu, rare à cette époque de l'année. Mais le groupe n'aura pas l'occasion de se réchauffer au soleil puisque la visite se passe en galerie.


« Les passages couverts sont les ancêtres de nos grands magasins , commence Marion, étudiante en Histoire de l'art et en stage au Club International , ils ont été construits au XIXème siècle , poursuit-elle».  A l'abri des intempéries, de la boue et des voitures, les passages permettaient aux commerçants d'entasser leurs marchandises et aux dames de flâner loin de la foule. Ils offraient aussi un raccourci pratique et permettaient aux piétons de passer d'un quartier à l'autre.  Les passages parisiens ne sont pas bien connus du grand public pourtant, ils ont marqué l'histoire de l'urbanisme parisien. Il y aura jusqu'à 150 passages sous le Second Empire (1852-1870). Ils disparaîtront peu à peu avec le remaniement de Paris par Haussmann. Il n'en reste aujourd'hui qu'une poignée.



Le premier de la visite est le passage Jouffroy qui relie les Grands-Boulevards à la Grange Batelière. Créé en 1836, c'est l'un des passages les plus fréquentés, le premier construit entièrement en fer et en verre, et le premier à avoir été chauffé par le sol. Au XIX° siècle, il abritait de nombreux cafés-concerts, aujourd'hui de nombreuses librairies spécialisées, ainsi qu'une jolie boutique de jouets Depuis 1882, on trouve le Musée Grévin, qui loge tous les personnages (en cire) qui font et ont fait l'actualité de ce monde. Pour Michelle, retraitée, membre de l'Alliance française, la visite des passages parisiens est une grande première: «  Bien que j'y aie toujours vécu , se justifie-t-elle, je ne connais pas bien Paris. Mais, je veux connaître d'avantage !  ».

Nous traversons la rue et nous rentrons dans le passage Verdeau.
Ouvert en 1847, il est moins fréquenté que le passage Jouffroy. C'est l'un des passages les plus clairs et les plus aérés avec sa haute verrière en arête de poisson. Les collectionneurs viennent à la recherche de livres rares, de journaux d'époque, de soldats de plomb, d'appareils photos anciens.

Les Panoramas, les Princes et Choisel
La suite de la promenade nous conduit dans le passage des Panoramas, premier véritable passage couvert de la capitale avec le passage du Caire.
Le passage obtint un vif succès grâce notamment au théâtre des Variétés qui vient s'y adosser en 1807. Le propriétaire des lieux n'est autre que Jean-Paul Belmondo. Le passage du jouet ( des Princes) retient l'attention du groupe en cette période de fêtes. Mais à peine le temps de s'attarder, le groupe rejoint l'un des seuls passages qui n'ait pas changé depuis sa création, le passage Choisel. C'est le plus long passage de Paris (190m de long). Il accueille entre autres le Théâtre des Bouffes Parisiens qui fête ses 150 ans et dont le propriétaire est le comédien français Jean-Claude Brialy.

Le froid s'engouffre dans les galeries mais une surprise à point nommée vient réchauffer le groupe: l'arrivée du Beaujolais nouveau! Une dégustation est proposée dans la galerie Colbert. La galerie abrite le siège de l'Institut National de l'Histoire de l'Art (accès libre). On retrouve également le Musée des Arts et du Spectacle et le Musée du Son et de la Parole.  Cette pause permet à tous de se relancer pour la suite de l'après-midi.

La fin du parcours conduit au passage préféré des Parisiens jusqu'au Second Empire: les galeries Viviennes. Le fameux couturier français Jean-Paul Gaultier s'y est installé en 1986. En transitant par les galeries du Palais Royal, la visite se poursuit par un monument de la culture française aux deux sens du terme: la Comédie Française.

La Comédie Française: le théâtre a connu plusieurs destinations. La Comédie-Française n'a plus quitté cet emplacement depuis plus de deux siècles. C'est dans ce théâtre classique à l'italienne qu'elle réussit à assurer, chaque saison, la production des spectacles nouvellement créés ou repris, leur présentation en alternance, la fabrication technique (machinistes, électriciens, tapissiers, accessoiristes, ateliers de costumes, régie son et lumière...), et l'administration de ce théâtre qui est une véritable entreprise.

La galerie Vero-Dodat clôt le parcours de l'après-midi. Cette galerie a longtemps été un bon raccourci entre les Halles et le Palais-Royal d'où sa popularité. Sans forcément s'en rendre compte, les galeries parcourues cet après-midi ont permis de traverser un des plus grands axes de Paris, par des voies différentes de l'ordinaire.

 

 

 


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