Portrait :Eugène Kipnis, étudiant ukrainien
et membre du Club International des jeunes à Paris

Eugène Kipnis 24 ans, étudiant en Musicologie à la Sorbonne.

Eugène Kipnis vit sa vingt-cinquième année et déjà sa troisième vie. Il a découvert l’informatique en Ukraine, s’est formé aux techniques du business aux Etats-Unis et étudie la musique en France depuis le début de l’année 2005. Il s’est posé non loin de la Motte Picquet Grenelle à Paris (15 ème). Dans ses voyages et ses passions, l’homme aux trois casquettes n’a qu’un moteur, les rencontres. Portrait.

Avec un léger accent américano-ukrainien, il précise qu’il préfère être appelé Eugène que Yevgeniy, tout simplement parce que c’est la traduction de son prénom dans la langue du pays où il vit. Il cherche le mot juste pour exprimer au mieux ce qu’il ressent, vous regarde dans les yeux et respire la franchise. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Qui pourrait penser au premier abord que ce jeune homme est aussi à l’aise avec un clavier d’ordinateur, une partition musicale ou une négociation de business ?

L’informatique, le marketing, la musique, Yevgeniy est un touche à tout.

Né à Kiev, Yevgeniy passe les 17 premières années de sa vie en Ukraine avant d’émigrer avec sa famille aux Etats-Unis. A New York, il fini ses études (niveau high school) entamées en Europe et obtient son diplôme d’informatique. Dans sa quête de savoir et de déchiffrage des logiques et des mécanismes, Yevgeniy s’inscrit en cours d’e-marketing au sein de la Pace University pour compléter ses connaissances informatiques. Au pays du rêve américain, le jeune adulte ne s’épanouit pas totalement. New York n’arrive pas à le convaincre. Il continue sa quête et s’inscrit au conservatoire de musique (Conservatory of music-Micefa) tout en poursuivant ses études de business. De l’informatique à la musique, il n’y a qu’un pas. Le natif de Kiev ose la comparaison : « Une composition musicale c’est un peu comme un logiciel », cela répond à des codes et résulte d’un assemblage de plusieurs données qui se complètent.

Yevgeniy le business man immigré ukrainien troque alors sa casquette pour celle d’Eugène, l’étudiant « américain » en musicologie à la Sorbonne à Paris.

A ses yeux, explorer un nouvel univers d’études, ne va pas sans un environnement de vie différent. Il fréquente, en parallèle de ses études de musicologie, le conservatoire russe de Paris Serge Rachmaninov, situé avenue de New York, drôle de hasard. Pianiste, chef d’orchestre, compositeur, éditeur, Rachmaninov, l’un des plus grands pianistes de son temps, était un caméléon de la musique. A l’instar du virtuose, Eugène se mue en une autre personne au gré de ses univers.

 

Le temps d’un été (l’été 2005) l’étudiant parisien est retourné aux Etats-Unis pour y finir son Master en e-marketing. Pour les deux musiciens de l’Est qui ont tous deux franchis l’Atlantique, l’isolement est une obligation pour s’investir pleinement dans leur travail. Mais la comparaison s’arrête là et la réalité, c’est qu’Eugène habite « un placard », un studio exigu dans le 15 ème arrondissement, ce qui ne l’empêche pas d’aimer son environnement. « Ce quartier, c’est le meilleur » dit-il. Il y trouve le calme nécessaire à son travail quotidien de musicien. Entre l’étude de la musique et la pratique du piano, les heures défilent à son domicile (4 à 5 heures quotidiennes).

 Le travail c’est la santé et les voyages ce sont les rencontres

Ce pourrait être la devise d’Eugène arrivé en France en compagnie d’une soixantaine d’élèves du conservatoire américain dans le cadre d’un échange d’étudiants. Rapidement, la priorité devient la rencontre de Français qu’il imagine plus proches de sa culture que ne pourraient l’être des américains. Il trouve d’ailleurs des qualités humaines insoupçonnées aux Français : « Quand je fais un achat de 10 euros et 25 centimes par exemple, le Français va me demander si j’ai 25 centimes pour me rendre le moins de monnaie possible, alors que l’Américain, ne va pas se poser la question, et me rendra strictement le change. Aux Etats-Unis, c’est le commerce avant tout. En France l’achat est un échange plus humain. On cherche à t’aider. »

Les relations humaines ne coulent pas de sources.

«Après mon passage aux Etats-Unis, je me suis remis en question, sur un plan relationnel. Je me suis demandé si le problème ne venait pas de moi. » Les premiers contacts avec les étudiants parisiens ont été sans saveur. « Ils ont leur vie et ont déjà leur groupe d’amis, parfois difficile à percer ». Les sites Internet de rencontre ? Très peu pour lui, « on ne fait pas des rencontres comme l’on fait du shopping ! ». Le néo-parisien se tourne alors vers le CROUS (service de vie étudiante) et se promène aux grès des sorties organisées. Au cours d’une excursion à Rambouillet, une demoiselle lui parle du Club International des Jeunes à Paris. Banco.

L'ambassadeur du Club?

De l’atelier de langue, Eugène se plonge au cœur des excursions à Saint- Malo et aux Châteaux de la Loire avec le Club International. Il se fait vite des amis qui partagent son goût du risque, celui de quitter son pays d'origine pour faire sa vie ailleurs. Il continue de fréquenter le CROUS où il n’hésite pas à endosser le costume d’ambassadeur... du Club International. «Je parle du Club aux étrangers qui ne le connaissent pas encore. Aussi, je voudrais donner un coup de main pour le site Internet du Club, c’est une manière de le remercier de ce qu’il a fait pour moi. » Avant de conclure, « le secret de la réussite, c’est de savoir prendre des risques », jusqu’ici cela lui a souri.

 

 

 
Propos recueillis par Guillaume THECHI
   

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